LA MAIN DU DIABLE

Réalisation: Maurice Tourneur
Pays d'origine: France
Année: 1943




- Résumé:
Roland Brissot, peintre un peu loser, tombe amoureux de Irène, une vendeuse de gants. Pour la charmer, il lui vante son mode vie d'artiste peintre et Irène se laisse tenter par l'aventure. Un soir pourtant alors qu'il l'invite au restaurant, elle lui dit qu'elle s'est lassée de lui, qu'il est ennuyeux et dépourvu de tout talent artistique, puis quitte le restaurant avant qu'ils ne soient servis. Le voyant déprimé, le restaurateur vient le réconforter et il lui affirme qu'il possède un talisman qui peux le rendre doué, riche, célébre et désirable, et propose même de le lui vendre pour un sous. Ce talisman est en réalité une main dans un coffret, que Roland Brissot accèpte finalement d'acheter. Le restaurateur le prévient qu'en acceptant ce talisman, il perdra son âme, mais n'étant pas superstitieux, Roland achete le coffret. A sa grande surprise, il remarque que la main du restaurateur a subitement disparu.





Dés le lendemain, tout se passe comme prévu, Roland peint des tableaux que tout le monde s'arrache, il devient riche et retrouve Irène. Pourtant à la longue, Roland se lasse de ce succès non mérité et commence à se demander comment se débarrasser de son sort. C'est à ce moment la que le diable apparait dans son salon, lui expliquant qu'il peut lui racheter son talisman, pour un sous, mais que ce prix doublera tout les jours. Désirant profiter un peu plus de son succès, Roland ne saisis finalement pas l'occasion et se retrouve trés vite dans l'impossibilité de pouvoir racheter son âme. Il tente par tous les moyens de trouver l'argent nécessaire, mais le diable a toujours un coup d'avance sur lui. Un jour, alors qu'il est en plein désespoir, il voit apparaitre les anciens propriétaires de la main, qui lui racontent chacun à leur tour comment les pouvoirs de ce membre ont changé leur vie, pour le meilleur d'abord et pour le pire ensuite. Il apprend alors que cette main est celle de Maximus Léo, un moine du village d'Allevard en Isère. Il lui vient alors l'idée de s'y rendre afin de restituer définitivement la main à son propriétaire, et ainsi stopper ce mauvais sort. Arrivé sur place, il trouve la tombe du moine, mais le diable se met en travers de sa route.





- Commentaires personnels:
Voici un trés beau film, qui aborde le thème du mythe de Faust d'une manière originale. En effet, le ton n'est pas dans le dramatique comme on pourrait s'y attendre, mais plutôt dans la légèreté, sans pour autant jamais sombrer dans la comédie. L'utilisation de l'humour noir et l'habile travail sur le décor et les ambiances notamment, donnent un superbe résultat. On remarque qu'ici, le diable ne fait pas peur et n'est pas non plus vraiment menaçant. Le vrai danger c'est la faiblesse de l'homme et ce qu'il est prêt à faire pour le succés, l'argent et l'amour. Il est intéressant d'ailleurs de voir que le personnage d'Irène, seul femme du film, est représenté ici comme un véritable cliché de la femme insensible, cupide et vénale, et apparait finalement plus mauvaise que le diable lui même. Un grand merci au festival des maudits films de Grenoble pour la découverte de ce film ou il est question justement d'un village de montagne qui se trouve juste a côté de Grenoble.



- Just for fun:
"La main du diable" devait au départ être une adaptation de la nouvelle de Gérard de Nerval "La main enchantée", mais devant la tache trop difficile, le projet fut complètement transformé pour donner le film décrit ici. Notons que le film est produit par Continental film, une maison de production Allemande, qui subventionnait des films censés être légers et divertissant pour faire oublier le contexte de l'occupation. Nous sommes en effet en 1943 au moment de la sortie du film et cette collaboration entre ces acteurs Francais et la maison de production Allemande engendrera quelques problèmes apres la libération comme je le décris plus bas.



- LA phrase du film:
Une mere à sa fille dans le restaurant de montagne:
- "Mange tes pruneaux, tu sais pourquoi ?"
- "Oui maman..."



- Quelques mots sur le casting:
- Pierre Fresnay interprète l'artiste peintre Roland Brissot. Il a tournée dans beaucoup de film Francais entre les 2 guerres mais n'étant pas un as du genre je ne m'attarderai pas sur sa carriere. On peut tout de même noter qu'il a tourné sous la direction d'Alfred Hitchcock pour la première version de "L’Homme qui en savait trop". Il tourna également quelques film pendant l'occupation Allemande, parmis lesquels "La main du diable" justement, pour la maison de production Allemande Continental film et recu même une décoration de L’ordre de la Francisque gallique. Cette décoration lui valut d'ailleurs un séjour de 6 semaines au dépôt apres la libération car elle était le symbole d'une marque spéciale d’estime du maréchal Pétain et son Régime de Vichy. Il fut finalement libéré pour manque de preuve.



- Josseline Gaël interprète Irène. Josseline tourne son premier film à 7 ans ("Le stigmate" en 1924, film muet). On peut également la retrouver en Cosette dans "Les misérables" (1934), ainsi que dans "Tout ça ne vaut pas l’amour" (1931) aux côtés de Jean Gabin, qui faisait alors une de ses premieres prestations au cinéma. Elle se marrie ensuite avec l'acteur Jules Berry, de trente quatre ans son aîné, et tournera 8 films au total avec lui. En 1943, année de tournage de "La main du diable", elle quitte son marrie Jules Berry pour aller fricoter avec Antonin "Tony" Saunier, un membre de la Gestapo Francaise, connu également pour avoir fait parti du térrible gang la "Bande Rouge". Elle mene à cette époque la grande vie jusqu'a la libération ou ils sont alors tous les deux arrétés. Saunier est condamné à mort et fusillé en 1946. Josseline Gaël quand à elle, sera alors condamné à la dégradation nationale à vie, malgrés la demande de clémence de son marrie Jules Berry (sympa le gars...), et se verra alors retirer tout droits civils. Sa vie, sa carrière, ses amis, tout est alors brisée définitivement. On n'entendra alors plus jamais parler d'elle.





- Le restaurateur qui refourgue la fameuse main à Roland est joué par Noël Roquevert. Il apparait dans plus de 180 films parmis lesquels "Fanfan la Tulipe" (1952 avec Gérard Philipe), "Les diaboliques" (1955 avec Simone Signoret et Michel Serrault), "Le masque de fer" (1962 avec Jean Marais, "Les Barbouzes" (1964 avec Lino Ventura, Bernard Blier, Mireille Darc), "Le grand restaurant" (1966 avec Louis de Funès)...



- Comment se le procurer:
Le DVD est trouvable, il a été réédité.





(Sources: Sites internets Wikipedia, unifrance.org, IMDB, Livre "Les 100chefs-d'oeuvre du film fantastique" édition Marabout.)