Exploitation A Gogo: WITCHCRAFT '70

Réalisation: Luigi Scattini
Pays d'origine: Italie
Année: 1970

- Résumé:
"Witchcraft '70" est un vrais/faux reportage de type "Mondo" sur la religion, l'occulte, l'ésotérisme, la sorcellerie... des temps moderne. On y voit donc, des sectes satanistes américaines, des sorcières anglaises, des célébrations vaudou brésiliennes, des séances évangélistes américaines, des Krishna...

- Commentaires personnels:
"Witchcraft '70" est un film de type "Mondo", qui traite de sorcellerie des temps moderne. Pour rappel, les Mondos étaient des vrais/faux reportages sur des sujets de société à sensation, un peu les ancêtres de nos reportages type "Enquête d'Action" ou autres daubes du style. Les sujets favoris des mondos dans les 60's c'était les hippies et leur rapport avec la nudité et les drogues, mais en 1970 la page hippie est en train de se tourner, et le nouveau sujet qui fait sensation ce sont les sectes satanistes. En effet, l'affaire Manson qui vient de faire trembler le monde entier, offre un nouveau sujet de crainte pour les parents et donc un nouveau sujet d'intérêt pour les jeunes à la recherche d'une nouvelle manière de s'évader et de faire de la provoque à la société. Du pain bénit pour les médias à sensation.

La promo du film affiche d'ailleurs la phrase suivante: "The Shocking Truth About WITCHCRAFT as it Exists Today in Our Cities and Suburbs! EXPOSED thru the eye of the HIDDEN CAMERA!". "Witchcraft '70" tente donc de nous donner un aperçu des communautés et de leur rituels à travers le monde. Ainsi, le reportage met en avant des mises en scènes de messes noires anglaises et américaines assez classes, mais qui sonnent comme un jeu pour gosses de riches en mal de sensations, face aux images plus trash et authentiques des rituels traditionnels sud américains. Et ce, malgré les efforts de la production, qui tente de nous faire croire que ces scènes ont étés filmés en secret par la fenêtre de l'église. Donc, même si il est assez plaisant de voir tout ces jeunes fuir les rangs du "american way of life" et se tourner vert la spiritualité et l'occulte, le plus bluffant reste les séances d'évangélistes et les fêtes tribales Brésiliennes. Tout simplement car en voyant les gens rentrer soudainement en transe, on assiste à un phénomène qu'on ne sait expliquer.

- Just for fun:
Le film sort tout d'abord en Italie sous le nom: "Angeli Bianchi, Angeli Neri". Une distribution américaine est conclue sous le nom de "Witchcraft '70", et le réalisateur Lee Frost (connu pour ses films d'exploitations farfelus comme "The Black Gestapo") est alors embauché pour le remanier à la mode américaine. Il vire le photographe psychique, le chasseur de fantôme et la diseuse de bonne aventure et ajoute des interviews de policier spécialistes en occulte, ainsi que des scènes d'orgies hippies, filmé au Spahn Ranch de la Manson Family, selon les dires de la voix off. Exit aussi la bande son de Umiliani (voir ci dessous), remplacée par une bande son qui colle plus aux films d'horreur standards. De maniere général, "Angeli Bianchi, Angeli Neri" ressemble plus a un documentaire, alors que "Witchcraft '70" profitant de la tragédie Manson, met en avant le côté sensationnel et dangereux de l'Occulte. Le film présenté ici est la version originale Italienne.

- Lieu de tournage:
On aperçoit le HIGHGATE CEMETERY, un des plus beaux cimetières de Londres, connu pour héberger la tombe de Karl Marx. Ce cimetière gothique servait apparemment de lieu pour des cérémonies occultes dans les années 70. Faut dire que le cadre s'y prête bien.

- Quelques mots sur le casting:
Bien qu'il s'agisse ici d'un reportage, on retrouve quelques figures de la sorcellerie moderne comme:
- Anton LaVey et sa femme Diane LaVey. Reconnaissable par son costume de diablotin à limite de la tenue SM, Anton LaVey est un auteur, musicien ou encore artiste de cirque, fan d'occultisme connu pour avoir crée l'"Eglise de Satan" en 1966 et la religion LaVeyan Satanism. On lui doit en effet les livres "The Satanic Bible", "The Satanic Rituals", "The Satanic Witch", "The Devil's Notebook", "Satan Speaks!" et les albums "The Satanic Mass", "Satan Takes a Holiday" et "Strange Music". Anton dit avoir travaillé pour la police de San Francisco dans sa jeunesse, bien qu'aucun document n'en témoigne réellement. Pendant cette période, il se fait pote avec plusieurs membres du staff "Weird Tales magazine" et passe son temps entre recherches sur le paranormal et concerts en tant qu'organiste ou joueur de Wurlitzer. Doté d'un fort charisme, d'un don pour la musique et également d'un certain dont pour la mise en scène, il devient ainsi une sorte de célébrité locale et attire dans ses soirées des figures de l'occulte comme Carin de Plessin, Michael Harner, Chester A. Arthur III, Forrest J Ackerman, Fritz Leiber ou encore Kenneth Anger.

Il forme alors un groupe appelé "Order of the Trapezoid", qui évoluera ensuite vers l'"Eglise de Satan", la première organisation sataniste publique, sérieuse et ayant un discours cohérant. Il déclare alors 1966 comme l'année n°1 de l'ére sataniste et se rase la tête dans la tradition des anciens bourreaux (selon ses dires, car il a été démontré que c'etait en fait a cause d'un pari perdu). Il se met ensuite à célébrer des messes noires qu'il met habilement en scène de façon a se faire de la pub. En effet il invite régulièrement la presse pour ses événements de messes noires, mariages satanistes (comme on peut le voir dans ce film), baptêmes... et n’hésites pas à recruter des danseuses dans les strip clubs voisin pour qu'elles posent nues a côtés de lui sur les photos. Le premier baptême sataniste de l'histoire sera d'ailleurs celui de sa fille de 3 ans Zeena et il est gravé sur le disque "The Satanic Mass". Le satanisme est à la mode à cette époque de boom des contre-cultures. On note ainsi parmis ses disciples: Jane Mansfield qui, passionnée par le surnaturel et l'occulte, fera appel à lui pour demander à Satan de soigner son enfant ou encore de lui trouver un bon rôle au cinéma. Susan Atkins, la futur disciple sanguinaire de Charles Manson et meurtriere de Sharon tate, qui avait un rôle de danseuse Topless dans un de ses spectacles (the Witches' Sabbath). Ou encore Sammy Davis Jr.. Lavey dit également avoir eu une brève histoire d'amour avec Marilyn Monroe lorsqu'elle était danseuse au Mayan Theater, un club de Burlesque dans lequel il jouait de l'orgue, ce que tous ses proches auraient démentis y compris le manager du club, qui dit que Marilyn n'y a jamais foutu les pied. On peut le retrouver dans les films "Invocation of My Demon Brother" (1969), "Satanis: The Devil's Mass" (1970), "The Devil's Rain" (1975).

- Eleanor Bone, également surnomé "Matriarch of British Witchcraft". Cette grande figure de la religion néopagan Wicca, fonda plusieurs communautés de sorcières, dont 2 influentes à Londres et Brigton. Elle créa également avec son ami Gerald Gardner, la religion "Gardnerian Wicca" et dénonca Alex Sanders (présent également dans ce film), de ne pas avoir subit une initiation valide. Ce dernier rétorqua qu'il faisait parti d'une communauté totalement indépendante crée par ses soins, appelé "Alexandrian Wicca".

- Alex & Maxine Sanders. Initié à la religion Gardnerian Wicca en 1963, Alex Sanders fonde par la suite sa propre communauté qu'il nome "Alexandrian Wicca" et dans laquelle il apporte des notions de magie. Il rencontre ensuite Arline Maxine Morris, une jeune fille de 20ans de moins que lui, qu'il initie à sa communauté et à qui il offre la fonction de grande prêtresse (malin le gars). Ils se marient en 1968 et emménagent dans un appartement à Notting Hill Gate, qui servira de QG à leur communauté pour l'enseignement de la sorcellerie. Ces activités attirent alors l'attention des médias qui font plusieurs articles sur la communauté (On les retrouve tout les deux dans le film "Legend of the Witches" en 1970). Lorsqu'on lui pose la question de pourquoi est ce qu'il est vêtu d'un cache sex pendant les rituels, alors que toutes les sorcières autour de lui sont nues, il répond que la loi de la sorcellerie voudrait que le plus vieux de la communauté soit vétu afin d'être facilement identifiable (vraiment malin le gars).

- La bande son:
La bande son est assez surprenante. En effet le thème de Piero Umilani (Sweet Revelation chanté par Shirley Harmer) est tres orchestré et sonne comme un générique de film spy à la James Bond, bien que la chanson parle tout de même de Witchcraft. Il existe un vinyle apparemment pour cette bande son mais je n'y ai pas retrouvé ce que j'ai entendu dans le film, notamment les chansons à l'orgue type black mass ou les trucs indiens.