WONDERWALL

Réalisation: Joe Massot
Pays d'origine: Grande Bretagne
Année: 1968

- Résumé:
Oscar Collins, un vieux scientifique un peu excentrique, découvre un jour un trou dans l'un des murs de son appartement. Il jette un coup d'œil et tombe ainsi sur ses voisins de palier, à savoir un photographe et sa copine/modèle Penny Lane. Ce jour la justement, ils sont en pleine session photo et Oscar est ébloui par ce qu'il voit. L'appartement est décoré de fresques et dessins psychédéliques, les modèles hommes et filles sont habillés de façon très excentriques et il semble régner une atmosphère de liberté qui surprend agréablement le vieil homme. Poussé par la curiosité, il passe de plus en plus de temps à observer la vie du couple, qui évolue dans cet univers qu'il ne connait pas, entre shootings photos pops et fêtes hippies. Il fini par tomber amoureux de Penny Lane et se met à rêver à la vie qu'il pourrait avoir avec elle, dans son paradis psychédélique. Suite à une déception amoureuse, Penny Lane tente un jour de mettre fin a sa vie, mais Oscar qui assiste justement à la scène de l'autre côté de son mur, sera grâce à ca, en mesure d'intervenir.

- Commentaires personnels:
Quand on lit le résumé, on pourrait penser que c'est l'histoire d'un vieux pervers qui mate une jeune fille tout les jours à travers un trou dans le mur. Ca va heureusement plus loin que ca. Oscar Collins est autant attiré par la plastique de Penny Lane que par l'univers Swingin' London dans lequel elle vit. Ce vieil homme qui regarde ces jeunes par un trou dans le mur, symbolise en fait la vieille génération qui découvre la nouvelle. Ca n'est donc pas glauque du tout mais plutôt attendrissant de le voir admiratif devant tant de "Poperie" ! Ca ne lui fait pas peur comme à tous les autres, au contraire, il est envieux et voudrait bien être de la partie. C'est sur, c'est plus cool et intéressant que nos téléréalités..! Le ton est fun, bien british et on est surpris d'être autant pris dans le film alors qu'il se déroule dans 2 pièces seulement et que le scénario est on ne peut plus simple. Mélangez "Fenêtre sur Cour" et "Blow Up" et vous n'êtes pas loin du résultat. On est juste un peu dubitatif face à la morale du film. C'est censé être mal d'observer secretement ses voisins, mais c'est grace à ca qu'il a pu lui sauver la vie...

Le ton du film est très british, et nous ferait presque penser à du Hitchcock revisité, sauce Pop 60's. Les clins d'œil au réalisateur sont d'ailleurs nombreux. Par exemple comme dans "Psychose" le scientifique vit avec sa mère, reclus dans un appartement plein d'animaux empaillés, et comme dans "Fenêtre sur cours", il s'amuse à observer la vie de ses voisins et surprend un drame. Certains y voient aussi du Polansky ou on aurait remplacé les éléments d'horreurs par des bizarreries psychédéliques. Notons d'ailleurs que 2 acteurs de ce film étaient également à l'affiche du "Bal des Vampires" (voir plus loin dans cet article) et que le scénariste de "Wonderwall", Gerard Brach a beaucoup collaboré avec Polanski.

Notons que les fringues des acteurs et la déco de l'appartement du jeune couple sont l'œuvre du collectif artistique Hollandais "the Fool". Le collectif a d'ailleurs eu une grosse influence à Londres en 1967 et 1968, que ce soit à travers leur marque de vêtement, leurs peintures ou leurs dessins. Ils ont en effet habillé des groupes comme les Hollies, The Move, Procol Harum, Cream, les Beatles... Et ont, entre autre, dessinés la couverture de l'album "The 5000 Spirits or the Layers of the Onion" du groupe the Incredible String Band.

Les décorations de The Fool dans le film Wonderwall:

Le collectif "the Fool" reste néanmoins surtout connus pour leurs collaborations avec les Beatles. En effet c'est lorsque Brian Epstein, le manager des scarabés, fait appel à the Fool pour décorer le Saville Theatre, que les 4 garçons tombent sous le charme. Les hollandais de The Fool vont ensuite être réquisitionés pour s'occuper personnellement de leurs gardes robes, comme on peux le voir dans les clips "All You Need Is Love" et "I Am The Walrus" sur le film Magical Mystery Tour. Ringo dira par la suite que ses fringues etaient tellement lourdes qu'il avait du mal a jouer de la batterie ! Au dela de ça, john Lennon leur demandera de repeindre son piano et sa guitare acoustique Gibson et Georges Harrison de faire de même avec son Austin Mini, sa cheminée et quelques unes de ses guitares perso.

Ils bosseront également pour la couverture de Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band, mais seul leur travail sur la pochette intérieur sera retenu. Egalement peu après que les Beatles aient montés leur label Apple Records, la firme décide de se diversifier et d'ouvrir une boutique de vêtements à Londres sur Baker Street. Non seulement toutes les fringues du magasin seront désignés par les Fool, mais en plus ils sont chargés de peindre une énorme fresque sur le mur de l'immeuble. Bon, le rêve sera de courte durée puisque quelques mois plus tard, la boutique ferme et la ville recouvre leur peinture. Les fringues étaient certes classes, mais inmetables et hors de prix, la peinture quand à elle était vivement critiquée par les habitants et vendeurs du quartier.

Marijke Koger, leader du collectif The Fool:

Le collectif The Fool avec Graham Bond:

- Just for fun:
- Le film n'est apparemment jamais vraiment sorti sur les écrans à l'époque. Il fut présenté au festival de Cannes (et reçu même un oscar) ainsi que dans d'autres festivals d'arts, mais n'eu jamais de réels distributions.

- On note que la fresque sur le mur du scientifique est une reproduction colorée de "La Mort d'Arthur de Florence Harrison. Florence était une Anglaise qui faisait dans le style "Art Nouveau". On retrouve ces illustrations dans des recueils de poésies et des livres pour enfants du début du XXeme Siècle.

- Le réalisateur du film Joe Massot, réalisa aussi un film sur Led Zeppelin "The Song Remains The Same" (1976) et un documentaire sur la musique Ska "Dance Craze" (1980).



- LA phrase du film:
Le vieux scientifique Oscar Collins, parlant à son voisin photographe de mode:
- "La musique c'est juste du bruit organisé et le bruit c'est du poison pour l'esprit" !

- Quelques mots sur le casting:
- Jack McGowran interprète le Professeur Oscar Collins. On avait déja vu cet acteur Irlandais, l'année précédente, également en professeur excentrique dans "Le bal des vampires" (1967) de Roman Polanski. Il apparait également à l'affiche de "L'exorciste" (1973) et meurt peu de temps aprés à New York.

- Jane Birkin interprète Penny Lane. Londonienne de naissance, elle débute au cinéma en 1964, en faisant une brève apparition dans le film "Le Knack... et comment l'avoir". Le film est un succès et reste aujourd'hui encore emblématique du Swinging London. Elle enchaine ensuite avec des rôles de plus en plus conséquents et apparait ainsi dans "Blow-Up" (Palme d'or du festival de Cannes en 1967), "Wonderwall" (1968) et "La piscine" (1969 aux côtés d'Alain Delon et Romy Schneider). En 1967 elle épouse John Barry (compositeur entre autre des bandes sons de pratiquement tout les James Bond, ainsi que des films "Starcrash", "Danse avec les loups", "The Knack ...and How to Get It"...) et donne naissance à une petite fille. Elle explique que contrairement aux idées reçues, malgré des apparitions dans des films emblématiques de l'époque, elle ne faisait pas parti de l'émulsion du Swingin' London. Jane venait d'une famille conventionnelle et avait juste envie à cette époque d'être une bonne épouse et une bonne mère. C'est lorsque John Barry se barre aux USA avec une autre femme, qu'elle décide de prendre du bon temps et part s'installer en France.
Quelques anecdotes en vrac sur Jane Birkin:
- Elle aurait dit: "A 18 ans, j'étais la plus vieille pucelle de Chelsea" !
- Elle serait apparemment une descendante du roi Charles II Stuart d'Angleterre et d'Ecosse.
- Hermès a dessiné un sac à main en son honneur en 1984. Il reste aujourd'hui un des modèles les plus connus et également un des plus chères (6000$ le sac...).

- Iain Quarrier interprète le copain de Penny Lane. Il a une courte filmographie mais tout comme Jack McGowran, il apparait dans "Le bal des vampires" (1967).

On remarque une pléiade de "guest stars" dans ce film, spécialement au moment de la fête:
- Amanda Lear:

- Suki Potier, mannequin et petite amie de Brian Jones de 1967 à 1969 (photos ci dessous à droite). Pour l'anecdote elle est passée à deux doigts de la mort, à 18 ans, époque ou elle sortait avec Tara Browne, un héritier de la firme "Guiness". La chanson des beatles "A Day in the Life" parle d'ailleurs de cet accident, qui a couté la vie à Tara Browne, conducteur de la Lotus Elan, mais qui a épargné Suki Potier.

- Mais également les Hollandais de The Fool, qui ont beaucoup travaillés sur la déco de l'appartement (voir plus haut dans cette page).

- Il parait qu'on peut également voir Anita Pallenberg pendant la fête, mais je ne suis personnellement pas arrivé à l'identifier ! On avait déja parlé d'elle dans "Candy".

- La bande son:
La bande son est trés importante dans le film, et pour preuve elle a été composée par l'ancien Beatles George Harrison, que le réalisateur Joe Massot avait spécialement approché pour le projet. Au départ Harrison est frileux car il n'a jamais fait de bandes sons auparavant, et ne sait donc pas trop comment s'y prendre. Puis finalement il accepte, y voyant un bon moyen de faire partager son amour pour la musique indienne. Il décide donc d'aller enregistrer une série de ragas aux studios EMI de Bombay en Janvier 1968 et en profite par la même occasion pour enregistrer l'instru de "The Inner Light", qui deviendra la face B du single "Lady Madonna". Pour apporter d'autres couleurs à la bande son, il revient ensuite à Londres au De Lane Lea Studios, et y enregistre quelques morceaux plus rock avec ses anciens potes de Liverpool du groupe "The Remo Four" et ses potes du moment John Barham, Eric Clapton, Ringo Starr, Peter Tork... Ainsi, en Novembre 1968 l'album est le 1er LP que sort Apple Records, le label fondé par les Beatles, et mieux encore, le premier album solo d'un membre des Beatles.

- Comment se le procurer:
Le DVD est trouvable, il a été réédité.

(Sources: Sites internets Wikipedia, IMDB, dandyinaspic.blogspot.com, udiscovermusic.com, rollingstone.com, Livre "The Beatles: Au coeur de la pomme" Par Denis O'Dell)